Adieu l’ami et merci pour ton engagement exceptionnel ! Hommage à Bernard ARTUS.
Bernard, tes trois enfants l’ont remémoré lors de la cérémonie en l’église Saint-Jean : « tu fus un père exemplaire, pour sa famille, ses amis, mais aussi hors du cercle du Grand Mouny ». Là, tu offrais de ton temps, de ton énergie, de ta disponibilité, de ta bonhomie, de ta gentillesse…de ta culture maraîchine dont tu étais si fier… et tu le faisais savoir ! Merci sans limite Bernard, que ce soit à l’Amicale bouliste, à l’AMLS où tu as créé et animé une activité « Jeu de palets » et à l’Arexcpo. Au sein de cette dernière, s’il fallait un exemple d’un engagement exceptionnel, Bernard tu décrocherais la palme.
Bernard dans le cadre de Tap Dou Païe au sommet du Mont Royal, à Montréal, au Québec, en 1981. Cli. Nadine Crochet.
Comme danseurs à Tap Dou Païe, avec sa jeune femme Annick et leurs enfants, ils sont de la noce de Soullans en 1975, puis sont sur les scènes locales, celles d’Europe, et même celles du Québec en 1981. Mais c’est surtout un engagement total dépassant largement les activités de groupe folklorique avec la création de diverses reconstitutions dont les vendanges (1977), puis la fabrication des bousats aux Glajous en Soullans (1978), les moissons à La Carvarine en Saint-Jean-de-Monts, puis les battages à La Petite Foudrière transférés au Daviaud dès 1995. Ces activités reposent sur une dizaine de bénévoles qui ne comptent pas leurs heures, et cela, après la débauche et durant les week-ends. Parmi ceux-ci, Bernard, en leader. Un engagement qui l’amène à être dans l’une des équipes qui durant la basse saison 1975-1976 se retrouvent chaque semaine au Céton pour restaurer les quelques 21 chars à banc récupérés par Tap Dou Païe.
Mais, ce qui marquera, également son dévouement et son ingéniosité, c’est la restauration de la locomobile de la famille Rabaud, de Saint-Martin-des-Noyers, acquise dans les années1980. Chaque temps libre le samedi et de congés, Bernard dirige quelques rares compagnons dans les ateliers Gaborit à Challans. Le résultat, c’est une belle mécanique à laquelle il a redonné tout son lustre et qui assurera de grandes fêtes des battages à La Petite Foudrière. Elles débutent le 28 août 1982.
Locomobile face au Palais des Congrès, Bernard Artus posant près de la locomobile à l’occasion d’une action de promotion de la fête des battages au Vasais, Auteur : J. Thiéry, 1995.
Bernard c’est aussi les Feux de la Saint-Jean, depuis les années 1980. Organisateur-né, il en a été le porteur et développeur jusqu’au bout, tant physiquement qu’en continuateur d’une fête traditionnelle qui a disparu du paysage festif et culturel montois avec la crise de la Covid. Dès 4 heures du matin, il était sur la place E. Guérin, jusqu’aux derniers rangements au Vasais, vers 3 heures, le lendemain : 23 heures d’affilée, une force de la nature !
Il fut des équipes qui restaurèrent le Vasais. Durant 18 mois, chaque week-end, nous étions de fidèles compagnons à découvrir, laver la charpente, la réparer, puis recouvrir et aménager les pièces adjacentes. C’était de 1981 à 1983, Bernard y a mis ses talents de menuisier-charpentier et activé le barbecue de la pose syndicale…
Pour la mise en œuvre du Daviaud, devenu l’une des antennes de l’écomusée de la Vendée, cet investissement total de Bernard nous amena à proposer au SIVOM son recrutement. A partir de 1984, Bernard savait être là, où il fallait…, autant sur la construction des bourrines, qu’aux animations comme le saut à la ningle, sans compter l’organisation des journées à thème et le montage des expositions, et cela jusqu’à sa retraite.
Maurice Bodin et Bernard Artus au cours des travaux de reconstitution de bourrines du Daviaud. Cli. Jean Thiéry, 1986.
L’une de ces expositions temporaires, pour l’été 1984, était consacrée à l’agriculture dans le Marais breton-vendéen. Evidemment, ancien agriculteur et fils de paysans, il y a tenu un rôle primordial. Mais il a surpassé les attentes des acteurs du Daviaud, dont Jean Thiéry, maire de La Barre-de-Monts et président du Comité d’Usagers du Daviaud, section d’Arexcpo. L’exposition en cours faisait ressortir des races animales disparues ou très rares. Sitôt, un plan d’actions de recherches d’animaux vivants était engagé : Bernard était le responsable de ce cheptel reconstitué. La vache maraîchine était parmi les animaux évoqués. Arexcpo a acheté Nadia et Ninie, deux des dernières représentantes de cette race classée « menacée ». Bernard les a choyées, dorlotées, jusqu’à une première naissance inespérée. Cet investissement a conduit une poignée de jeunes d’Arexcpo à organiser, à ses côtés, le Premier festival des races menacée en 1992 .Puis c’est l’arrivée de Mousse et Madison, une paire de bœufs de la même race, en 1993. Bernard s’est transformé en bouvier et en a fait profiter des milliers de spectateurs, tant à La Barre-de-Monts qu’au rassemblement du Dresny, comme à Rambouillet et même au salon de l’agriculture où Yan Artus-Bertrand a mémorisé cet instant exceptionnel pour Bernard, certes, mais aussi pour les associations Arexcpo et l’Association pour la valorisation de la race maraîchine et des prairies humides dont il était le représentant. Il ne s’est jamais remis de l’expulsion des animaux d’Arexcpo du Daviaud, départ effectif le 31 août 2002.
Les bœufs « Mousse » et « Madison » au salon de l’Agriculture, animaux propriétés d’Arexcpo présentés, à Paris, par l’éleveur et « toucheurs » Bernard Artus, de l’association Arexcpo, Yan Artus-Bertrand, 2004.
En 2005, lorsque se créée l’association EthnoDoc qui deviendra OPCI-EthnoDoc en 2015, Bernard est au nombre des administrateurs-fondateurs. C’est dans ce cadre « qu’il traîne un certain de Villiers dans la boue !!! » Plus exactement, dans la vase d’un fossé du Mouny. L’homme politique, ce jour-là, en tant que créateur du spectacle autour du général Charette, au Puy du Fou, voulait apprendre à sauter à la ningle. Le second essai était le bon ! Avec un tel maître à sauter pas de surprise !
Bernard Artus sautant à la ningle au Daviaud, Jean Thiéry, 1987
Et comme si ça ne suffisait pas, dans ton propre potager, tu t’es lancé dans la sauvegarde de légumes quasi disparus, dont la gesse et la citrouille dite péa d’tamarane, comme dans le t’chéraïe quelques moutons noirs et canards challandais, certifiés authentiques.
Tu as été un sacré gars Bernard ! Tu as donné beaucoup aux autres, sans compter, sans répit… Tu as été exemplaire, qualité unanimement reconnue de toutes celles et ceux qui t’ont fréquenté. A bétoute, Bernard, tu peux être fier de toi ! Nous on l’est !
Bernard Artus et Gérard Thibaud, deux « piliers » des Feux de la Saint-Jean, ici en 2017. Cli. Philippe Boisseleau.