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Le grand souffle s’est apaisé… Hommage à Gilbert BIRON.

Le grand souffle s’est apaisé… Hommage à Gilbert BIRON.

Gilbert Biron à la veuze à la Fête du Chant de marin à Douarnenez, en 2002. Cli. B. CômeNous venons de perdre l’un des membres des plus actifs durant plus de vingt ans. Ce 1er août dernier, nous étions à ses côtés, partageant la douleur et la tristesse de sa famille et ses nombreux amis. Gilbert s’était le grand souffle du joueur de veuze, de la voix puissante du goualeur, des coups de gueule, des franches parties de rigolade dont il était le fervent ambassadeur. C’était l’archétype du vieux briscard « mat’lotesque » dont la barbe foisonnante brouillait les années, une sorte de capitaine Haddock.

Gilbert Biron est arrivé avec son épouse, au sein d’Arexcpo, bien simplement dans les années 1995 ou 96, si discrètement que ses proches questionnés et nous-mêmes n’avons pu fixer une date. Mais c’est sur un coup de gueule qu’il débarque à Tap Dou Païe suite à une déception avec Bise dur dont ils étaient membres. C’est dans ce groupe folklorique dynamique de Saint-Gilles-Croix-de-Vie formé en 1936 mais relancé en 1957, qu’il a débuté à l’âge de 12 ans, donc en 1959. C’est dans cette association qu’il a connu Yvette, la jolie danseuse qui deviendra son épouse en 1964. Son métier d’électricien conduit le couple en région nantaise et en Pays de Retz ce qui les amène à fréquenter le groupe folklorique Sant-Yann de Saint-Jean-de-Boiseau où la famille va exercer ses talents à travers la danse, mais aussi la veuze et le chant pour Gilbert. L’arrêt de travail suite à un accident grave ramène la famille à son berceau croix-de-viot, son port d’attache… pour prendre un nouveau souffle, celui d’une retraite anticipée.

Bien qu’habitant toujours au Pays de Retz, en 1995, Yvette et lui font partie des relanceurs de Bise Dur. Suite à un désaccord, en1996 le couple se rallie à Tap Dou Païe et Sounurs, leur fils Jérôme ne tarde pas à les rejoindre. Mais Gilbert ne sait pas faire les choses à moitié. Il est nommé président de Tap Dou Païe dès 1997. Il conduira la délégation de danseurs, chanteurs et musiciens au Québec en 1998.

Il est, aussi, auprès des Gars d’la Coûte pour les activités maritimes, à la FAP comme « grilleur » patenté, et devient l’un des Compagnons d’EthnoDoc des plus investis. A Partir de 2000, avec l’installation définitive du couple au port qui l’a vu naître, il travaille bénévolement de quatre à cinq jours chaque semaine. Il participe activement aux opérations de collectage en plein programme Patrimoine oral 2000. Nous aurons ainsi sillonné la Vendée de long en large pour y enregistrer quelques milliers de chansons. …Et pas sans fréquenter de nombreux de ses amis sur la route du retour. A l’occasion, les bouilletures d’anguilles dans le Marais poitevin étaient de ses plats favoris. D’ailleurs, c’est suite à un repas fait de ces délicieux poissons, que le souffle lui a manqué, pour une fois ! Mais la dernière. Entre ces enquêtes, il a assuré le dépouillement des enregistrements, la numérisation des bandes magnétiques, dont celles des Archives départementales de la Mayenne. Gilbert aura été omniprésent durant plus de 15 ans au sein des Compagnons d’EthnoDoc.

Du souffle il en avait lorsqu’il se lançait dans quelques chansons bachiques ou maritimes de son répertoire carabin. Le coup à boire n’était pas loin bien sûr : faut bien mouiller pour entretenir une voix de centaure ! Mais jamais dérangé ! Au sein de Sounurs, il a été de toutes les bordées, notamment sur les scènes et pontons des grandes fêtes maritimes, comme au fond des bistrots des ports en fin de journée, voire une partie de la nuit. Il n’y avait rien pour lui couper le souffle ! Il fut, bien entendu, parmi les fondateurs de Touline en 1998.

Sur scène avec Touline lors de la fête des Gars d’la côute, en 2001. Cli. J. Thiéry

Gilbert Biron chantant au Festival du chant traditionnel au Poiré-sur-Vie, en 2008.A la Cave des Marines, tous les clients connaissaient Gilbert. Lui, s’accommodait de tous, sauf des doryphores, maintenant la vieille hargne des marins envers les Anglais. Là aussi, les chansons traditionnelles précédées de quelques tirades humoristiques égayaient les soirées angevines. Les dégustateurs du vin angevin se délectaient à l’écoute du folklore chansonnier vendéen.

Celles et ceux qui l’ont fréquenté ne pourront l’effacer de leur mémoire. Truculent personnage, qui se comportait comme l’océan, allant de temps calme à tempête rugissante, quand ça souffle à décoiffer plus d’un mat’lot éprouvé. Gilbert tu resteras dans nos cœurs.

Pour les Compagnons, Jean-Pierre Bertrand